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Gisele Amantea : Beaux rêves, dures vérités (thème 22)
Je m’appelle Marilou et je suis la nouvelle stagiaire aux communications du MAJ. =) Je suis en train de terminer des études en histoire de l’art et muséologie à l’Université du Québec à Montréal. Quand on m’a annoncé que le thème du mois de mars pour Musée en quarantaine était la maison, j’ai tout de suite pensé à Gisele Amantea et à l’exposition Beaux rêves : dures vérités, qui a été présentée au Musée d’art de Joliette du 31 janvier au 25 mai 2010.
Je vous raconte une petite anecdote : il y a deux mois, je marchais dans les rues du Plateau Mont-Royal à Montréal et je suis tombée sur une boîte remplie de livres qui avait été abandonnée sur le trottoir (exactement là où je laisse mes poubelles une fois par semaine). Avez-vous déjà réfléchi à quel point nos déchets en disent sur nous et sur notre quotidien ? C’est fou de voir comment on peut se faire un portrait d’une personne en regardant ses poubelles! Bien sûr, je ne pouvais pas continuer mon chemin sans fouiner dans cette mystérieuse boîte. À ma grande surprise, j’y ai trouvé pleins d’ouvrages sur les arts visuels, des essais, ainsi que des catalogues et parmi tout ça, un livre rouge a attiré mon attention : Gisele Amantea : Beaux rêves, dures vérités (2010).
Wow! Le catalogue de l’exposition rétroactive du travail de Gisele Amantea
Je me mets à lire ce livre et je découvre qu’au début des années 1980, la production de l’artiste était caractérisée par un détournement de l’objet manufacturé, l’exploitation de l’élément architectural, ainsi que l’appropriation de symboles éloquents. À partir des années 2000, ses œuvres sont éphémères et souvent destinées à revêtir les murs des lieux qui les accueillent. Ses œuvres in situ prennent parfois la forme du papier peint qui s’installe alors sur les murs.

Gisèle Amantea, vue de l’exposition Beaux rêves: dures vérités, Musée d'art de Joliette, 2010.
En 2009, Amantea réalise Heaven’s Gate (after Stockhausen) pour le Musée d’art de Joliette. En utilisant la technique du flocage, l’artiste reprend à sa manière le motif des grilles en fer forgé situées dans le hall de l’ancien MAJ et qui gardaient autrefois l’entrée du domaine seigneurial de Mascouche. Le catalogue présente un entretien entre l’artiste et la commissaire Denise Markonish dans lequel l’artiste aborde la raison pour laquelle elle choisit d’utiliser le papier peint comme matériau : « d’un point de vue conceptuel, le papier peint évoque plus directement les intérieurs domestiques », et avec des œuvres telle que Heaven’s Gate (after Stockhausen), Amantea souhaite montrer que les enjeux politiques ont une incidence directe sur notre quotidien.

Gisèle Amantea, vue de l’exposition Beaux rêves: dures vérités, Musée d'art de Joliette, 2010.
Quand une œuvre s’installe directement sur les murs du musée, elle s’intègre dans l’architecture et l’espace du bâtiment. La maison, le quotidien ou encore le domestique sont, selon moi, directement liés au travail d’Amantea. « L’artiste crée des installations in situ à grande échelle qui perturbent les espaces architecturaux afin d’examiner la façon dont nos vies sont façonnées par leurs dynamiques culturelles, politiques et sociales. »
J’aimerais revenir sur notre rapport aux objets, parce qu’on peut en apprendre énormément sur une personne et son quotidien en observant ce qu’elle jette. Il y a deux mois, j’ai ramassé un livre dans les poubelles, un livre qui n’était plus désiré par son propriétaire. Pour moi, ce fut le bonheur total parce qu’en plus, deux mois plus tard, je commençais un stage au Musée d’art de Joliette!
Quand on m’a annoncé le thème du mois de mars, c’est le travail d’Amantea qui m’est venu en tête en premier. Parmi les œuvres de l’artiste, une œuvre m’a particulièrement plu, White Folly. Dans cette réalisation, Amantea utilise des objets kitsch souvent jugés de mauvais goût. L’installation se compose d’articles qu’on peut retrouver dans des magasins de décorations de céramique.
J’ai beaucoup aimé White Folly parce qu’elle me fait réfléchir à notre rapport aux objets : les objets auxquels on s’attache, et dont on se sépare, pour ensuite s’attacher à d’autres objets. Par exemple, des objets dont certaines personnes ne veulent plus, pourraient faire le bonheur de plusieurs. Ou encore, qu’est-ce que ces objets auxquels on tient énormément peuvent dire à notre sujet ?

Gisèle Amantea, White Folly, 1988.
Cet article a été écrit par Marilou Prégent-Beaudoin, stagiaire aux communications du Musée d’art de Joliette.
Référence bibliographique :
(1) Beaudry, Eve-Lyne et Duclos, Rebecca. Gisele Amantea : Beaux rêves, dures vérités = Sweet Dreams, Hard Truths. Joliette, Qc : Musée d’art de Joliette, 2012.
POUR PARTICIPER À MUSÉE EN QUARANTAINE
Vous avez jusqu'au mercredi 31 mars à midi pour nous envoyer vos créations artistiques inspirées du thème du mois. L’exposition sera en ligne le jeudi 8 avril 2021.