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Semaine 1 : monochrome

L’édito d’Ariane Cardinal, conservatrice à l’éducation

Il est régulier, pour un guide, d’entendre lors de sa visite :

  • Mais qu’est-ce que c’est? Je n’y comprends rien!

  • C’est laid. Ce n’est pas de l’art!

  • Mon enfant de 4 ans est capable de faire la même chose!

Souvent, c’est que son groupe et lui se trouvent devant de l’art abstrait.

L’art abstrait est un mouvement international qui domine le XXe siècle. Il se positionne en rupture avec une vision traditionnelle de l’art comme une représentation fidèle de la nature. Il n’imite pas des sujets ou des objets du monde naturel, mais propose plutôt des formes et des couleurs pour elles-mêmes. Comme l’art figuratif représente la réalité, le public en comprend les codes, car il les a intégrés depuis l’enfance. Et si on se donnait la chance de mieux saisir les codes de l’art abstrait?


Laissons de côté la fonction décorative (je parle ici de décoration dans mon salon au-dessus du sofa) et parlons en termes d’émotions, d’intentions, de sensations, de messages ou tout simplement d’exploration matérielle ou gestuelle. On travaille si fort à ne pas juger un livre à sa couverture ou un humain a son apparence… ne devrions-nous pas creuser un peu plus loin aussi pour les œuvres d’art?! Cet artiste, il voulait vous émouvoir ou vous choquer ou peut-être jouer avec votre perception des formes et des couleurs… Réfléchissons plutôt à l’effet de cette œuvre sur vous! Je vous donne un exemple avec la série des grandes nudités de Monique Régimbald-Zeiber.


Monique Régimbald-Zeiber, vues de l’exposition Les ouvrages et les heures, Musée d’art de Joliette, 2020. Photo : Paul Litherland.


Monique Régimbald-Zeiber, vues de l’exposition Les ouvrages et les heures, Musée d’art de Joliette, 2020. Photo : Paul Litherland.


Tout d’abord, quand j’ai vu ces œuvres, j’ai pensé aux toiles monochromes. Comme Monique Régimbald-Zeiber fait de nombreuses références à l’histoire de l’art, je me suis dit qu’elle explorait ici les teintes de beige et abordait, à sa façon, la brisure (ou le renouveau) qu’a entraîné cette pratique. Puis, en regardant bien, j’ai distingué des taches et des lignes. Monique Régimbald-Zeiber a peint tout en transparence plusieurs couches de peinture, laissant apparaître subtilement ces éléments… qui rappellent étrangement la peau humaine. Les taches de peinture deviennent des taches pigmentaires ou des ecchymoses et les lignes prennent l’allure de vergetures ou de varices. On dirait presque des photographies en gros plans! En fait, bien qu’au départ je considérais ces œuvres abstraites, j’avais maintenant l’impression de regarder d’immenses peaux tendues et d’entrer dans l’intimité de quelqu’un, d’être un peu voyeuse. J’ai ressenti du dégoût et… de l’attirance, peut-être même de la fascination.

Je doute qu’un enfant de 4 ans puisse faire la même démarche et accomplir un tel effet.

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