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  • Photo du rédacteurL'équipe du MAJ

Semaine 9 - In illo tempore

Thème de la semaine : art et technologie


Aujourd’hui, 18 mai, c’est la Journée internationale des musées et, pour l’occasion, l’équipe de Musée en quarantaine m’a demandé de parler de mon lien d’attachement avec le Musée d’art de Joliette (MAJ), un lien de plus de 50 ans.

Pour ce faire, il faut reculer dans le temps.

In illo tempore*, j’étais étudiant en syntaxe au Séminaire de Joliette. J’avais treize ans. Nous étions en 1966. J’ai répondu à une invitation d’un prof de latin ou d’histoire, je ne sais plus, et je me suis retrouvé avec cinq ou six autres élèves devant la porte du local où était entreposée la collection d’œuvres d’art du Séminaire. J’allais voir enfin de véritables œuvres d’art. J’étais intrigué. Le seul musée que j’avais visité, c’était le Musée du frère André à l’Oratoire Saint-Joseph, quelques années auparavant lors d’un voyage organisé pour les enfants de chœur de ma paroisse. Le « moment fort » de cette visite avait été le cœur du frère André baignant dans un bocal rempli de formol!

Le professeur arrive, la porte s’ouvre. Il y en avait partout : des sculptures, des tableaux, de gros meubles, des encadrements, de la pierre, du bois, du bronze, de petites pièces en ivoire, en albâtre, de l’or (du moins ce que je prenais pour de l’or). Le souvenir qui m’est resté, ou que le temps a forgé dans ma mémoire, c’est quelque chose de semblable à ce que Carter a vu en pénétrant dans l’antichambre de la tombe de Toutânkhamon. Un merveilleux et splendide fouillis! Ce que je ne savais pas, alors, c’est qu’en entrant dans ce bazar, je venais aussi d’entrer de plain-pied dans mon destin. C’est là que tout a commencé entre le Musée d’art de Joliette et moi.


Le Père Wilfrid Corbeil, fondateur du Musée d'art de Joliette.


À partir de ce moment, nos vies se sont développées en parallèle, se rapprochant, s’éloignant, faisant un bout de chemin ensemble. J’ai fait des études en arts (DEC, BAC, maîtrise), j’ai voyagé, travaillé et même fait quelques expositions. Pendant ce temps, le Musée a vu le jour, s’est installé dans un bâtiment spécialement dessiné pour lui, a pris son envol, se métamorphosant au cours de ses différentes mues de bunker de béton en un élégant édifice de verre et d’acier léger; de secret bien gardé en une institution culturelle ouverte à tous, dynamique, audacieuse, rayonnante et fière de montrer qu’elle existe.

Le Musée d'art de Joliette, tel que conçu par le père Wilfrid Corbeil, 1975.


Au cours de toutes ces années, j’y ai travaillé ponctuellement au début (emploi étudiant, chargé de projet), puis de façon plus régulière à partir de 2001. J’y ai même tenu ma première exposition (1981). Lors de mon premier engagement, à la fin des années 1970, tout venait à peine de commencer. Pourtant la programmation offrait déjà une exposition permanente, des expositions temporaires (plus d’une quinzaine par année) et même une exposition itinérante clé en main ainsi que des visites guidées sur appel. L’équipe du Musée se composait alors de 5 personnes (le directeur inclus). Nous étions polyvalents, par la force des choses.

Chaque nouvelle direction a ajouté quelque chose au rêve du père Corbeil : augmentation des effectifs et professionnalisation des fonctions au sein du personnel; création des départements; diversification de la programmation; augmentation des expositions mises en circulation et développement des circuits d’itinérance (du provincial au national, puis à l’international); adoption d’une politique de gestion des collections et développement réfléchi et cohérent de celles-ci; transformation et amélioration du bâtiment, intégration du numérique et implantation d’une communauté virtuelle.


Le Musée d'art de Joliette, lors de sa réouverture après les rénonations majeures, 2015. Photo : Steve Montpetit.


Mais la chose la plus remarquable pour moi, ce fut de voir le Musée sortir peu à peu de sa gangue de béton pour s’ouvrir aux gens et devenir un lieu d’accueil, d’échange et d’apprentissage pour tous, un foyer de vie intellectuelle et de démocratisation de la culture où il assume un rôle de premier plan grâce à son choix d’expositions et ses activités éducatives et culturelles qui tiennent compte de la diversité et de l’inclusion sociale.

Ce qui à mes yeux rend le Musée d’art de Joliette unique et si attachant, ce sont les personnes que j’y ai côtoyées à différentes époques. Que ce soit à la direction, au conseil d’administration, chez les employés et bien sûr chez les bénévoles, j’ai découvert des gens d’une extrême générosité avec un sens profond du dévouement pour une cause à laquelle ils croient sincèrement. Et c’est ça, je crois, qui est la force de ce petit musée situé en dehors de grands centres urbains et qui lui a permis d’exister, de survivre et de se développer avec tant de vigueur parmi les grands.

* In illo tempore : expression qui vient du latin et qui signifie littéralement « en ces temps-là ».

Gérard Brisson

Agent administratif

Musée d’art de Joliette


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